J'ai enfin identifié clairement ce que je ressentais confusement dans nos crises, ce qui m'a perturbee  dans  le mécanisme de la rupture, ce qui fait nos différences mais ne nous opposent pas ..

je n'ai jamais réussi à m'habituer à cette froideur, à cet état dans lequel il était dans ces moments là. Cartésien, cassant, lui l'homme ouvert, chaleureux, tendre et sensible que je connaissais se transformait en quelques secondes , et pour quelquefois longtemps en quelqu'un d'étranger , froid, cruel, en contradiction totale avec ce qu'il était humainement. 

En fait, je comprends maintenant que ces mécanismes mis en place , récurants, presque automatiques étaient pour lui un moyen de défense , le moyen de gérer la crise, de gérer le stress qu'il y associait , de le dominer .  Il ne s'agit pas là de parler de la cause de la crise mais bien de la manière de gérer , de la méthode employée.  Son choix, était de prendre de la distance avec les émotions, à un point tel  qu'il en était méconnaissable. Il il se coupait ainsi de toutes les émotions positives ou négatives et se protégeait. Contrôler , toujours contrôler ..raisonner, se fermer, devenir obtus  pour ne pas se laisser aller à l'émotion. L'émotion était dangereuse pour lui dans ces moments là... 

Cet homme là n'était pas celui que je connaissais, cette homme là était... un autre, un être  inconnu, c'était comme sil passait du côté obscur, réducteur à un point dont il n'avait même pas conscience . Sa réaction à la frustration, à la peine, à la colère était celle là.

Cela me destabilisait beaucoup , car notre relation harmonieuse n'était justement pas construite sur du raisonné mais sur du ressenti , de l'émotion libérée, libre, confiante et douce .

J´aimais avec lui cette communication intuitive,  l'intelligence du cœur comme je lui disais ,  une évidence.. toujours  reliés aux sens, aux émotions , une communion qui pouvait se passer de mots souvent , du moins pour moi, ce qui a du me desservir certainement quelquefois... je me nourrissais de sensations, d'impressions, de vibrations.. Mes antennes toujours à l'écoute  ...mes alertes aussi qui se déclenchaient quelquefois  et dont je lui parlais celles qui navaient rien d'attaché au rationnel, qui n'étaient que des intuitions, et qu'il aimait bien je crois car justement loin de ce qu'il s'imposait à lui même pour se protéger  . Il aimait partager avec moi cette liberté là de penser autrement.

Alors bien sur en cas de crise , au lieu de l'unisson que nous connaissions , nous étions deux mondes qui s'opposaient . Moi m'acharnant à vouloir qu'il réintègre son cœur pour que je le reconnaisse  et que je retrouve mes repaires et lui s'en éloignant encore et encore pour mieux se protéger . 

Peut être devrais je me forcer à agir comme lui, pour me couper des émotions, ne plus aimer , ne pas souffrir.. Je réalise en fait que c'est déjà ce que j'ai écrit au début de mon blog lorsque je me révoltais sur ces écrits qui rationalisaient l'amour, le rendaient explicable, contrôlable, et somme toute déhumanisé , cela  suit la même logique ..implacable ... je ne suis pas sûre d'être capable de cela ..pour quel résultat, pour quel vécu, pour quelle vie ? 

Non , ne pas se cantonner à les considerer comme des extrêmes ..qui s'attirent parfois ...

Encore une fois, l'équilibre et l'harmonie semble de mise .. Peut être faut il réunir nos deux conceptions pour n'en faire qu'une,  construire une complémentarité ? ...Prendre de la distance, mettre en perspective, relativiser, mais garder le ressenti, conserver l'émotion , les émotions,  l'intuition qui vient d'ailleurs mais qui est guide ..